Interview de Léa, plus jeune trekkeuse de l’édition 2019

Dans la grande Histoire du Trek Elles Marchent, il y a des histoires individuelles qui méritent d’être racontées et partagées. Quand on dit que le désert est particulier, qu’il nous fait ressentir des émotions inédites, ce n’est pas une légende.

Je vous propose de découvrir l’histoire de Léa, 19 ans, qui a participé au Trek Elles Marchent sur la première session de mars 2019. Elle est venue trekker en compagnie de sa maman Nathalie, sa tante Emilie et la meilleure de celle-ci, Sandrine. Toutes les quatre formaient l’équipe 14, les Ma-Reines du désert. Léa était la plus jeune trekkeuse de la semaine mais vous allez voir que la valeur n’attend pas le nombre des années…

Emma : Qu’est-ce qui t’a décidée à participer au Trek Elles Marchent ?

Léa : On était en famille et on nous a parlé du trek. Ma mère et ma tante étaient motivées pour le faire. Ma tante a convaincu sa meilleure amie et ma mère m’a demandé si j’étais partante. J’ai dit oui malgré le flou par rapport aux dates de mes partiels et on est parti toutes les 4 !

Emma : Quel profil de sportive avais-tu avant de partir ?

Léa : Je suis sportive à la base. Avec ma mère, on aime beaucoup marcher, au Pays basque, on a de quoi ! On a souvent fait des randos ensemble donc je savais que ça allait me plaire de marcher dans le désert.

Emma : Dans quel état d’esprit as-tu abordé le Trek ?

Léa : J’avais peur de n’être pas assez bien préparée, on avait un programme d’entraînement conseillé, mais je n’avais pas forcément le temps avec mes études. Je fais du foot 2 fois par semaine et mes coéquipières me disaient que ça allait le faire. En même temps, j’avais peur de surestimer mes capacités et de me prendre une claque. Mais j’étais excitée à l’idée de faire le trek.

Dans mon équipe, j’avais l’appréhension que ça ne marche pas parce que ma mère a un tempérament de leader et Sandrine aussi. Et en fait, ça s’est super bien passé ! Il a fallu trouver sa place dans l’équipe. Tout le monde a participé et les rôles se sont mis en place naturellement. On a cherché avant tout un esprit d’équipe et à respecter le rythme de chacune. On a été honnêtes, à l’écoute, patientes et on a construit une bonne cohésion entre nous.

Emma : Qu’as-tu ressenti ou découvert de toi et des membres de ton équipe ?

Léa : De mon côté, je me suis rendu compte que physiquement tout allait bien, j’ai été agréablement surprise et j’étais fière de moi. Le truc qui m’a le plus étonnée c’est que je suis quelqu’un qui pense beaucoup et j’avais peur de ça dans le désert, de trop réfléchir. J’avais prévenu mon équipe que je risquais d’aller au plus profond de moi, peut-être en retrait. Et, en fait pas du tout ! Je n’avais rien dans la tête dans le désert. Ça m’a amenée à comprendre que ce n’était pas que je ne pensais pas pendant le trek, mais que je pensais seulement à l’essentiel. Ce genre d’expérience entraîne des changements positifs.

Côté équipe, avec Sandrine, l’amie de ma tante, on ne se connaissait pas trop avant le trek, on s’est mieux découvertes. Avec ma tante, on se voit en famille la plupart du temps, j’ai découvert d’autres facettes et son côté fofolle qui aime s’amuser quand elle est entre amies. Avec ma mère, on se connait bien, on fait beaucoup de choses ensemble, j’avais confiance en elle, elle allait gérer. Elle s’entraînait, elle rêvait de ce trek. Elle a été géniale ! Et dans l’équipe, personne n’a été laissé de côté ou en retrait, on a été présentes toutes les 4, ensemble.

Emma : Comment s’est passé le retour à la vie normale ?

Léa : C’était bizarre car on n’a pas eu de transition au retour. Il a fallu que je retourne en cours tout de suite, je n’avais même plus l’impression que cette aventure était réelle. Et j’avais l’impression que la vie normale n’avait pas forcément ce côté authentique. Vivre une expérience humaine dans une équipe où il faut faire des concessions, rencontrer les nomades, tout ça c’est de l’humain, c’est authentique, tu es là pour aller vers les autres.

itw jeune lea 4Quand tu retournes dans le tramway, les gens se poussent, râlent, on se rend compte qu’on s’embête pour rien. Dans la vie de tous les jours, on ne réalise pas qu’il faut agir contre la pollution, on stresse pour rendre un devoir, on se laisse vite rattraper par le quotidien, ce n’est pas facile.

Un jour, je n’étais pas très bien, ma confiance en moi était partie, je me suis dit « Fais quelque chose pour toi ! ». Et j’ai fait quelque chose que j’ai toujours voulu faire : un tatouage. J’aime les tatouages surtout quand ils ont une signification. Et la première chose qui m’est venue à l’esprit c’est ce symbole que j’avais vu à l’entrée du village de Jdaid. Je l’aimais beaucoup. J’ai sauté le pas et pris cette décision de me faire tatouer la cheville. Ce tatouage résume toute l’aventure du trek

Emma : Quel bilan dresses-tu de cette aventure ?

Léa : Oser se dépasser procure une sensation de fierté, une confiance en soi. Quand on est jeune, c’est très présent cette question de confiance en soi. Je retiens aussi que donner c’est aussi recevoir. Dans mon éducation, on me l’a inculqué mais là je l’ai vraiment vécu à son apogée : on donne pendant le trek physiquement et moralement et on reçoit énormément en retour. Dans l’équipe, on vit ça à 4, on reçoit de l’amour de ses coéquipières, on se sent soutenue, portée, aussi avec les autres trekkeuses.

Et vous, les gens de l’organisation, vous donnez beaucoup, vous êtes impliqués, vous étiez émus, comme nous. Du coup, on oublie qu’on a mal partout, que la journée a été dure. J’ai retenu que juste un sourire, un encouragement, un truc tout simple, c’est hyper gratifiant, ça fait du bien. C’est juste immense de faire ressentir des trucs de fous, prendre le temps de dire aux gens qu’ils sont importants. On retourne à l’humain.

Et avec les nomades, au village, on aide à construire des murs mais on a plus l’impression de recevoir que de donner, du coup c’est un partage.

Maintenant, je fais attention à manger très peu de viande, je fais gaffe à l’écologie, j’essaie de donner, d’agir pour de plus grandes causes, je n’ai pas encore de projet précis mais j’essaie d’apporter ma pierre à l’édifice.

Ce qu’on retient du Trek Elles Marchent, c’est l’authenticité et aller à l’essentiel des choses, l’entraide et les rires avec tout le monde.

Emma : Un message aux participantes du Trek Elles Marchent 2020 ?

Léa : Je vous souhaite de vous dépasser, d’être fières de vous, de donner, de recevoir, de redécouvrir la nature, l’humain, de vous redécouvrir, de retourner à l’essentiel… Bref je vous souhaite de vivre ou revivre un super Trek Elles Marchent !

Un grand merci à Léa d’avoir accepté de répondre à nos questions !